La compagnie P&O Ferries au tribunal pour "discrimination"

Publié : 7 décembre 2018 à 17h08 par Rédaction

DELTA FM
Le tribunal de Boulogne
Crédit : Delta FM

P&O Ferries devant le tribunal pour avoir refusĂ© de transporter des animaux destinĂ©s Ă  la chasse. La compagnie maritime, qui effectue des liaisons entre Calais et la Grande-Bretagne, estime que cela pourrait nuire Ă  son image. Suite Ă  cette dĂ©cision, deux sociĂ©tĂ©s d’exportation de volailles ont dĂ©cidĂ© d’attaquer P&O en justice pour "discrimination". L’audience avait lieu hier au tribunal de Boulogne. Compte-rendu d'audience.

Une compagnie de transport maritime peut-elle refuser des camions dont la marchandise pourrait nuire Ă  son image ? C’est en tout cas ce qu’a fait la sociĂ©tĂ© P&O Ferries. En juin dernier, elle a dĂ©cidĂ© de ne plus transporter sur ses bateaux "des animaux destinĂ©s Ă  la chasse". Un coup dur pour deux entreprises spĂ©cialisĂ©es dans la reproduction de faisans et de perdrix, pour qui l’exportation de poussins en Grande-Bretagne reprĂ©sentait en 2017 l’équivalent de 13 millions d’euros de chiffre d’affaires.
En 2015 dĂ©jĂ , c’est la compagnie Britanny Ferries qui avait refusĂ© de transporter leurs animaux vivants, car la ligue contre les sports cruels avait diffusĂ© une vidĂ©o sur les rĂ©seaux sociaux, pour dĂ©noncer le sort des animaux destinĂ©s Ă  la chasse. La compagnie maritime expliquait alors que cette vidĂ©o avait crĂ©Ă© "un fort Ă©moi" auprĂšs de ses clients, sensibles au bien-ĂȘtre animal, et que, pour ne pas nuire Ă  son image, elle prĂ©fĂ©rait refuser les camions de gibier sur ses bateaux. P&O et DFDS avaient alors rĂ©cupĂ©rĂ© le marchĂ©, avant, elles aussi, de faire marche arriĂšre. Face Ă  ces refus, la sociĂ©tĂ© GibovendĂ©e a essayĂ© d’exporter en passant par avion, mais 20% des poussins sont morts pendant le trajet. Il lui reste un moyen de passage, mĂȘme si le dirigeant n’a pas voulu le dire, il semblerait que ce soit le tunnel sous la Manche. Mais si ce fil casse, c’est la liquidation judiciaire, et la mort de 150 emplois et d’une quarantaine d’éleveurs, a dit son avocat. L’autre avocat, celui de P&O Ferries, a dĂ©clarĂ© que la compagnie avait le droit de refuser sur ses bateaux des animaux destinĂ©s Ă  l’abattage, au gavage, et Ă  la chasse. C’est Ă©crit dans ses conditions gĂ©nĂ©rales de vente. Le tribunal rendra sa dĂ©cision le 20 dĂ©cembre.