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Modifié : 16h10 par Rémi Foulon

Meurtre d'un éducateur spécialisé à Cappelle-la-Grande : les relents racistes d'un drame en pleine rue

La sœur de Djamel Bendjaballah témoigne après la mort violente de son frère et pointe du doigt des zones d'ombre dans l'enquête.

Nadia Bendjaballah, la sœur de Djamel, est lancée dans un long combat.

Crédit : Delta FM

Le 31 août 2024, Djamel Bendjaballah, éducateur spécialisé de 43 ans, a été mortellement percuté à plusieurs reprises devant le collège Van der Meersch à Cappelle-la-Grande.


Quatre mois après le drame, sa sœur Nadia témoigne, dénonçant les zones d'ombre entourant l'affaire et l'absence de reconnaissance du caractère raciste.

Titre :nadia soeur de djamel cappelle

Un drame sous les yeux de sa fille


Ce soir-là, Djamel a été percuté une première fois, puis une deuxième, puis une troisième, par un individu qui a pris la fuite.


Sa fille assiste, impuissante, à la scène tragique.


"Vous vous rendez compte : ma nièce a vu son père mourir !", n'en revient toujours pas Nadia, la sœur de Djamel.


Les hurlements de l'enfant résonnent encore sur les lieux du crime.


 


Un harcèlement ignoré


La victime connaissait son agresseur : Jérôme D., l'ex-compagnon de Vanessa, la compagne de Djamel depuis trois ans.


Selon Nadia, Djamel avait déposé plusieurs plaintes au commissariat, signalant qu'il était suivi, insulté – notamment avec des propos racistes – et que son harceleur possédait des armes.


"Il a déposé trois ou quatre plaintes, il a prévenu qu'il était suivi, qu'il se faisait insulter, avec des insultes racistes, et qu'il y avait des armes chez lui…" Malgré ces alertes, aucune mesure n' a été prise pour protéger Djamel.


 


Des signes inquiétants ignorés


Jérôme D. utilisait ses propres enfants pour faire passer des messages provocateurs, offrant des cadeaux tels que des peluches en forme de cochon ou des saucissons prétendument halal, lorsqu'ils étaient avec Vanessa.


« Il essayait d'atteindre mon frère à travers ses enfants », déplore Nadia.


Lors de la perquisition, les forces de l'ordre découvrent des obus et des armes chargées au domicile de Jérôme, en plein centre de Coudekerque-Branche.


Le jour du drame, une machette et une arme auraient été retrouvées dans son coffre.


Jérôme n'avait pas de licence dans un club de tir, rendant l'origine de ces armes douteuses.


Il était également affilié à un groupuscule d'extrême droite, la Brigade française patriote.


 


Une quête de justice entravée


Malgré ces éléments, le caractère raciste du crime n'a pas (encore) été retenu dans la qualification judiciaire. "Pourquoi ? Je ne comprends pas ! Avec tous les éléments que la police a en sa possession… Je ne comprends pas", s'indigne Nadia.


Elle s'interroge sur l'inaction des autorités face aux plaintes de son frère et sur l'absence de protection qui aurait peut-être pu éviter ce drame.


"Pourquoi ses plaintes ont-elles été classées sans suite ? Pourquoi ? Ça a coûté la vie d'un homme !"


 


Un homme de paix arraché à ses proches


Djamel, 43 ans, était un homme bienveillant, toujours souriant, qui venait d'acheter une maison à Nieurlet.


"Il aimait la paix, il aimait les plaisirs simples. Sa vie personnelle, c'était un grand secret. Mais c'était son tempérament, il ne s'épanchait pas sur son intimité", confie Nadia.


Né à Grande-Synthe, Djamel avait passé son enfance là-bas, avec des parents qui ont travaillé pour la Ville.


Sa famille a créé une page Facebook, "Justice pour Djamel", et un collectif de soutien s'est formé à l'initiative de la Maison des Potes, mais également de la LDH (Ligue des droits de l’homme) et du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) pour accompagner les proches de la victime.


 


Une famille en deuil et en colère


La douleur de la perte est exacerbée par le sentiment d'injustice et d'indifférence.


"Ça fait mal. C'est injuste de mourir de cette façon. D'autant plus que mon frère croyait en la justice, et qu'elle ne l'a pas protégé", déplore Nadia.


Les proches de Djamel refusent que cet acte soit minimisé et demandent la reconnaissance du caractère raciste du crime, pour honorer la mémoire d'un homme qui incarnait l'opposé de la haine et du racisme.


Le combat pour la justice continue, mené par une famille déterminée à obtenir des réponses et à faire en sorte que la mémoire de Djamel soit respectée.


Une première action est d'ailleurs organisée ce vendredi 17 janvier, à 17h30, devant le tribunal de Dunkerque.


 








A L'ANTENNE